EXPOSITION ACTUELLE

Gary Auerbach

NATIVE AMERICAN
Native American (Indiens d'Amérique du nord)
du 13 juillet au 11 août 2002

Il y a dix ans, après avoir changé de parcours dans ma carrière, j’ai porté toute mon attention sur la photographie. J’ai été très déçu de constater que beaucoup de mes anciens travaux, qui dataient de 25 ans, commençaient à montrer des signes de détérioration. Je ne voulais pas passer mon temps à travailler la photographie artistique avec des matériaux qui sont la cause même de l’autodestruction des tirages. Depuis 1850, il a été démontré que les méthodes basées sur les procédés argentiques ont un défaut quant à la longue conservation des images.

Vivant à Tucson, j’ai eu la chance de pouvoir utiliser les ressources de renommée mondiale du Center for Creative Photography de l’ Université d’Arizona. J’y ai cherché comment obtenir une photographie durable. Il y avait les Cyanines (Cyanotype), un processus avec du fer ; le Carbone, utilisant le « graphite » ; et les tirages platine (platinium print), utilisant le métal de platine. Voyant des exemples de chaque procédé, j’ai été attiré par la platinotypie avec ses tons chauds à graduations, et sa netteté impressionnante, parce que cette technique nécessite un négatif du même format que l’image. L’image platinotype est adoucie, car elle est imprimée sur du papier aquarelle. Comme on enduit l’émulsion à la main, le papier obtient un toucher organique qui complète la finition de l’image.

En regardant des anciennes photographies, j’ai été attiré par trois photographes en particulier: Eduard Steichen, Edward Curtis et Alfred Steiglitz. Tous produisaient des portraits de personnages, dont l’âme était, pour moi, « capturée ».

J’ai appris par moi-même comment tirer une épreuve, utilisant des négatifs 6x6 cm que j’avais faits il y a de nombreuses années avec mon Hasselblad. C’était fabuleux, la chambre noire n’était pas nécessaire, et plus d’odeurs chimiques ! En tirant les épreuves à l’extérieur, au soleil, je me suis senti comme un photographe pionnier. J’ai alors pris conscience que j’aimais le procédé et son résultat. Mais mes négatifs étaient petits, et mes tirages l’étaient également.

J’ai cherché à travailler avec des négatifs agrandis, mais je ne parvenais pas à obtenir l’apparence des images tirées à partir de formats plus grands. Ainsi, j’ai commencé à augmenter le format des négatifs. Cela marchait bien, car il y avait une suite d’apprentissages à connaître, qui permettait d’enduire manuellement des images plus grandes, 4x5, 5x7 et 8x10. Finalement j’ai trouvé un Wisner 11x14 d’occasion, une caméra professionnelle et là, j’ai senti que j’avais trouvé ma solution.

Les portraits sont ma spécialité - grand format platinium portraits. Des images qui sont faites pour durer 500 à 1000 ans. Moins de 40 personnes dans le monde travaillent dans le domaine du portrait au platinium. C’est de cette manière que je photographie des Américains indigènes dont la propre stabilité culturelle est menacée.

Ainsi, j’espère pouvoir ouvrir ce domaine au public qui ne connaît que très peu la platinotypie et la photographie au platinium.

J’espère que vous serez séduits par les images présentées.

Gary Auerbach

Depuis 65 ans (1937) « the Amerind Foundation » créée par William Shirley Fulton, a pu rassembler une multitude d’objets et de matériaux historiques des Indiens d’Amérique.

… Quand on expose et que l’on tente d’interpréter de tels matériaux historiques, il y a toujours le risque que les visiteurs parcourent le musée avec l’impression que les Indiens d’Amérique font partie du passé et non du présent, ni du futur.

En fait, les musées contribuent, pour une grande part, à véhiculer l’idée que, -autant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger- les Indiens sont morts avec « le buffalo » et que, bien que quelques Indiens doivent encore exister dans le Sud-Ouest, Oklahoma et le Dakota du Sud, leurs systèmes de pensée, leurs croyances, bref,

la plupart des aspects de leur culture traditionelle est perdue, (exceptés, bien sûr, ces « fragments culurels » que les musées se sont appliqués à sauvegarder.

Contrairement à ces idées reçues, peut-être sont-ils aussi nombreux, aujourd’hui, -à l’aube du vingt-et-unième siècle-, à s’identifier « natifs d’Amérique » qu’ils ne l’ont été au quinzième siècle, lorsque les Européens posèrent –pour la première fois- le pied sur les rives du « Nouveau Monde »

En d’autres termes, malgré cinq siècles d’invasions, de conquêtes, de déplacements de population, de marginalisation, et des effets dévastateurs qu’ont causé les maladies apportées d’Europe, les Indiens d’Amérique sont encore bel et bien là ! et comme dit un ami Zuni : « Nous sommes là, maintenant et pour toujours ».


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